Anne Mesas-Loubet, Présidente Directrice générale de Biova, laboratoire de phytopathologie et centre de formation
Pourquoi avez-vous rejoint FILEG ? Quel est l'intérêt ?
Je connais Christophe [Vogrincic] depuis près de 20 ans et lorsqu’il m’a parlé du projet FILEG en 2017 alors que je venais de racheter la société Biova, j’ai été très enthousiasmée !
Enthousiasmée par le projet mais aussi à l’idée d’accompagner la profession agricole à la mise en place d’une nouvelle filière structurée et fédérée en Occitanie.
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De notre côté, chez Biova, laboratoire de phytopathologie et centre de formation, nous étions sollicités au même moment par les agriculteurs directement pour travailler sur les problématiques sanitaires des légumineuses ; historiquement, nous avions des analyses soja mais venaient s’ajouter des demandes sur les pois, les lentilles, les pois chiches, les fèves et certaines fourragères comme la luzerne…
En fait, le projet FILEG venait à point nommé !
PME de 20 salariés, nous sommes audacieux sur la mise en place de nouvelles analyses pour répondre aux besoins des agriculteurs, mais le fait de travailler avec une filière naissante nous permettait de grandir aussi avec elle.
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Nous avons rejoint FILEG pour trois raisons principales. La première est que FILEG est une filière régionale qui permettra le fort développement d’une production locale, peu gourmande en engrais, qui a un enjeu alimentaire et environnemental, que nous défendons.
Autre raison et elle est au cœur même de notre ADN : il s’agit du partage du savoir. Nos docteurs et ingénieurs en phytopathologie se mettent au service des agriculteurs.
Et enfin FILEG nous permet dans le cadre de notre propre développement d’anticiper les besoins et d’orienter à la fois nos nouvelles analyses et notre programme de recherche dans le cadre de la R&D de Biova.
Quel est votre rôle au sein de cette filière ?
Intervenus initialement dans les premiers groupes de travail constitutifs, nous sommes désormais rattachés au collège des sélectionneurs, producteurs, collecteurs et techniciens. Bien que notre activité soit un élément infime de ce collège, nous voulons être force de proposition et aider le déploiement de cette filière pour qu’elle puisse progresser et s’épanouir à l’abri des dangers sanitaires. Et ce dans le but que nos agriculteurs puissent s’appuyer sur cette filière et développer leurs exploitations !
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Ainsi, le laboratoire permet de récupérer des informations factuelles grâce aux analyses : maladies, ravageurs, impacts sur la production de manière globale à partir des semences ou des plantes.
La table ronde qui s’est déroulée lors l’Assemblée Générale de FILEG nous a donné encore plus envie de nous investir en appui aux sélectionneurs sur la vérification de la capacité de résistance aux maladies ou virus, bactéries, et ce aux différents stades grâce à des prélèvements sur les parcelles d'essais par exemple.
Agréé CIR, nous pouvons participer aux projets de recherche sur certains sujets et venir en accompagnement des entreprises du développement, en support à la filière.
Quelles sont vos attentes pour le développement
de la filière Légumineuses à graines ?
Notre travail aura d’autant plus de sens que la filière que nous souhaitons accompagner sera fédérée et organisée. Nous sommes persuadés qu'elle va se développer pour plusieurs raisons : le contexte sociétal favorable, des protéines alternatives, un système qui permet de produire proprement environnementalement parlant.
Il existe beaucoup de débouchés pour cette filière ! Il est primordial d'avoir des personnes investies comme Muriel Gineste pour aider à la structuration de l’aval.
Un message clé à partager ?
Il y a bien un élément sur lequel je voudrais sensibiliser : le pré requis à la production est la qualité sanitaire de la semence.
La réutilisation de la semence est possible si on est capable de garantir sa qualité sanitaire, Biova peut aider à la maitrise tant au niveau de la semence qu’en cours de culture.
De nombreux pathogènes impactent la famille des légumineuses, aussi bien des maladies fongiques que des maladies bactériennes ou virales. Et la maitrise de la production passe par l’autocontrôle.
Les analyses à priori ou sans à priori et les suivis biologiques d’évolution permettent ainsi de limiter les risques sur la récolte en identifiant un danger sanitaire. Les prix relativement modérés (moins de 100€) permettent de protéger une récolte qui sinon pourrait être anéantie à hauteur de 50 %.